Nous vivons une période singulière, inédite de basculement rapide individuel et collectif. Nous aurons le choix au sortir de cette crise, de nous inscrire dans une période d’apprentissage ou de reprendre le chemin d’avant.
L’incertitude dans laquelle la société est plongée par le confinement nous amène de l’insécurité : retrouverons-nous notre travail, nos clients, le même niveau de revenus? Ne pas savoir quand et comment va s’organiser la vie demain, dans 3 mois, 1 an, 4 ans nous plonge dans le brouillard le plus complet.
Nous avions oublié que l’incertitude fait partie de la vie. Dès notre naissance, nous avons la certitude de mourir et pourtant nous avons l’incertitude de la date. L’agriculteur, le vigneron vivent et font chaque saison l’expérience de l’incertitude. Y aura-il suffisamment de soleil, de pluie, les cultures seront-t-elles préservées des maladies, du gel ? Chaque année ils ne savent pas à quoi ressemblera le fruit de leur effort. Ils font avec ce qui est présent.
L’incertitude réveille l’insécurité de ne pas savoir à quoi ressemblera demain. Ce sentiment nous pousse à mettre du contrôle, l’insécurité réveillant des peurs cachées. La période d’incertitude sociétale nous pousse à sortir de notre zone connue.
Nous ne pouvons agir sur certains événements venant de l’extérieur tels que la pandémie, les décisions des gouvernants, la manière dont nos concitoyens respectent les règles, la météo, etc…qui pourtant influencent le monde du travail, notre vie familiale, nos loisirs, notre vie toute entière.
Alors sur quoi pouvons agir ?
La façon de vivre ces événements nous appartient. Le choix dépendra de nos constructions internes, (estime de soi, confiance en soi, en l’entourage, en la société, en la vie, pour faire face aux situations contraintes) et de nos croyances : si nous croyons que nous disposons bien de nos ressources internes et externes nous vivrons la situation plus sereinement. Si au contraire nous nous persuadons que nous échouerons, nous favoriserons un terrain fertile à l’angoisse. Ce sont bien nos constructions internes et croyances qui impactent notre perception et nos actes associés.
Prenons l’exemple sur l’incertitude financière : nous entendons fréquemment « mais tu gagnes ta vie ? » Faudrait-il qu’à l’inverse je puisse la perdre si je n’ai plus suffisamment d’argent ? Peut-on mourir pour une question d’argent ? NON. Nous pouvons mourir par maladie, par la faim, de soif mais pas de manque d’argent. Celui-ci devrait rester un instrument pour obtenir un certain niveau de bien-être.
Si nous donnons à l’argent le pouvoir de gagner ou de perdre sa vie en y projetant la sécurité et la liberté, nous confondons sécurité et argent. Or il ne s’agit que d’une croyance qui consisterait à dire que notre sécurité dépend de notre niveau de revenus et d’épargne.
En « courant » après l’argent, nous « courons » après notre sécurité intérieure. En l’absence de celle dernière, aurions-nous délégué à des béquilles telles que l’argent, le pouvoir, la célébrité, la dépendance affective… le pouvoir de nous sécuriser?
Qu’en est-il de notre besoin de sécurité intérieure et pourquoi est-il si difficile d’y faire face ?
Le confinement actuel offre un arrêt sur image de nos aspirations et nos besoins, en cela il devrait nous permettre de porter ce regard intérieur et nous inviter à nous retrouver face à nous-même.
Soyons fous: si nous poussions l’expérience de l’isolement encore plus loin, en cessant nos occupations non-essentielles : de nous connecter aux réseaux, de jouer, de jardiner, de faire du sport, d’écouter de la musique, de regarder la télévision …Que se passerait t- il ? Un sentiment de vide nous envahirait-il ? Et pourtant ce silence donnerait la place au dialogue intérieur et révélerait ainsi nos aspirations profondes sans mensonges à nous-même. Le confinement deviendrait un déclencheur de prise de conscience permettant de pacifier notre sentiment d’insécurité et d’accepter de se regarder en face sans détours.
De cette réflexion, un nouveau modèle holistique pourrait émerger, centré sur notre raison d’Etre revisitant nos principes de Faire, Faire-Faire, et d’Avoir. Servons nous du confinement pour aller chercher à l’intérieur de nous ce qui nous rendra plus fort et donne du sens à notre vie.