Notre relation à l’argent nous parle de nous. Beaucoup de personnes ont l’impression que l’on est libre si et seulement si on a de l’argent. Autrement dit, ils vont projeter leur liberté sur l’argent et croire que leur liberté passe par l’argent. Combien de fois observons nous que certaines personnes aisées ne se sentent pas libres de dire NON à un ami, un membre de la famille, qui nous demande quelque chose, alors qu’au fond d’eux, ils n’en n’ont pas envie du tout. Combien de fois certaines personnes ne manquent pas d’argent et pourtant ne se sentent pas libres de faire ce qu’ils veulent : j’ai envie d’utiliser mon véhicule de sport pour aller travailler et j’y renonce par peur du regard des autres.
Aussi longtemps que nous accordons de l’importance au regard des autres, cela aura un impact sur notre façon de nous déployer dans la vie et nous ne serons pas libres d’être nous-mêmes. Non seulement l’argent ne pourra jamais acheter la liberté, mais nous allons montrer une image de nous, mais ce n’est pas NOUS. Nous allons passer notre temps à cultiver cette image de nous et c’est nous piéger dans l’expression de qui nous sommes.
Le comportement n’est donc pas le problème. Le problème c’est le jugement que l’on va avoir sur ce comportement. C’est le jugement qui fait mal : Chez celui qui juge et celui qui est jugé. Pour nous protéger nous devenons des caméléons. Nous allons nous adapter selon le contexte et cela devient difficile d’être soi-même.
La clef pour sortir de cette distorsion, c’est de se détacher du regard des autres. Cela ne signifie pas se désintéresser des autres, c’est prendre de la distance par rapport à ce qu’ils pensent et admettre que l’on ne peut pas plaire à tout le monde, alors autant être soi-même. Prendre de la distance, c’est la porte de la liberté : Cela signifie s’autoriser à décevoir, à déplaire et à respecter ce qui est juste pour soi.
Et au fond, que nous enseigne le confinement ?
Nous sommes privés de cette liberté élémentaire, le droit de circuler, et nous ne consommons que des biens essentiels, des besoins vitaux de survie, pour se nourrir et se soigner. Alors l’argent entrave-t-il vraiment notre liberté ou est -t- il un gage de liberté ?
Dans ces moments de confinement l’argent ne sert à rien, il perd son pouvoir. En effet, on ne va pas s’acheter une voiture ni une maison ni partir en voyage au bout du monde. Les personnes confinées ne peuvent plus aller chez le coiffeur, les tenues décontractées ont remplacé les costumes et tailleurs de grands couturiers, les produits alimentaires de luxe sont délaissés au profit de produits qui sont essentiels à notre santé, « la Rolex » est rangée au coffre, les investisseurs sont absents des marchés, ceux-ci ayant perdu de leur sens et de leur valeur. Tout le monde est logé à la même enseigne.
C’est privé du regard des autres, lié aux conditions de confinement que l’on retrouve toute notre liberté, en nous détachant des signes extérieurs de richesse que nous impose le pouvoir de l’argent.
Le confinement sert à nous faire comprendre que la vraie richesse est la richesse intérieure. A l’échelle individuelle, c’est l’occasion pour chacun d’entre nous de se « renouveler »et de révéler ce que nous contenons intérieurement. Pour certains ce seront des richesses et pour d’autres se seront des prises de conscience désagréables…. C’est l’occasion pour nous de reprendre notre pouvoir, celui que l’on a accordé aux regards des autres et au pouvoir de l’argent, pour enfin nous relier à nous-mêmes.
Pour chacun, ce confinement oblige à réfléchir à notre vie, pointe du doigt ce qui est essentiel, nous invite à faire le tri et nous relie à notre richesse intérieure.